Les objectifs cliniques se définissent en fonction de la demande, des possibles de la personne et de sa problématique subjective. La musicothérapie engage la personne au niveau relationnel, émotionnel, cognitif et corporel.
Globalement, jouer d'un instrument est un acte de création. La création repose sur la dimension imaginaire et symbolique de chacun. Dans de nombreuses pathologies (dépression, mélancolie), l'imagination est appauvrie. Or, pour se sortir d'un mauvais pas, il faut savoir faire preuve d'inventivité, savoir créer les conditions de son bien-être est un processus que le participant pourra se réapproprier à travers la musicothérapie.
D'un point de vue théorique, on parle de symbolisation et de métaphorisation.
Niveau Relationnel : Ecouter l'autre, s'écouter, échanger
La musicothérapie améliorent la qualité des relations sociales puisque les échanges inter-individuels en sont le fondement.
Ecouter l'autre : Jouer ensemble nécessite la prise en compte et l'attention à l'autre. Dans un exercice où praticien et participant jouent simultanément, la dynamique relationnelle induit l'harmonisation de la production sonore de chacun.
S'écouter : Au sein de cette dynamique, il est cependant impératif de rester à l'écoute de soi, de son propre jeu, de son vécu interne. Savoir mettre une distance entre son jeu et celui du praticien, c'est savoir surtout ne pas céder sur son propre désir.
Echanger : C'est dans ce mouvement entre soi et l'autre que les problèmes relationnels que peut rencontrer le participant peuvent être mis à jour et réélaborés.
Niveau Emotionnel :
Nos musiques préférées sont souvent associées à des évènements de vie. C'est pourquoi la musicothérapie fait résonner l'histoire émotionnelle du patient, suscitant souvenirs et sensations. La résurgence de ces états émotionnels sera l'occasion pour le participant de s'en libérer dans le cadre de la séance (et non à l'extérieur auprès de son entourage !) et d'en comprendre les mécanismes. Le praticien, par son interprétation, accompagnera ce travail. Son rôle sera, entre autre, d'amener le patient à distinguer les différentes émotions qui le traversent : le stress n'est pas la colère, la tristesse n'est pas l'épuisement, l'amour n'est pas le sacrifice...
Niveau Cognitif :
La pratique musicale fait appel aux fonctions cognitives, c'est-à-dire la mémoire, l'acquisition et la gestion des connaissances, l'attention ou bien la perception. Jouer une séquence musicale, c'est d'abord la décomposer (un rythme puis un autre), la mémoriser à court et long terme, et enfin la reproduire. L'indépendance des membres du corps (droite et gauche) est aussi un exercice fondamental dans cette pratique. Nos fonctions cognitives coordonnent nos actions motrices : du cerveau à la main !
Niveau Corporel :
Distinguer les sons extérieurs et notre petite musique intérieure, c'est aussi délimiter les espaces du dehors et du dedans. Le sentiment de l'unité corporelle et de la conscience de soi sont alors convoqués.
La pratique instrumentale met le corps en jeu. Le participant travaille ses habiletés motrices mais au-delà de cet aspect, il décharge ce faisant ses tensions psychiques et apprend à les canaliser. Suivre un rythme, ce n'est pas taper à tout-va !
Etre en société, c'est s'exposer à l'autre. Jouer devant le thérapeute est une mise en scène. Il s'agit donc de savoir s'exprimer corporellement, ou plutôt de se réconcilier avec son corps, qu'il soit le prolongement de nos intentions et non un étranger en soi.
En résumé, la musicothérapie peut représenter une alternative thérapeutique qui aide à :
- Dynamiser l'estime de soi, la créativité et prendre conscience de ses ressources
- Renouer avec son désir et l'envie de faire (par la mise en acte du corps)
- Levée des inhibitions
- L'individuation et l'autonomisation
- Au processus de symbolisation (la musique comme support de verbalisation)
- La relaxation et l'apaisement des tensions intra-psychiques